Sources: lepetijournal.com
Historiquement, depuis les temps les plus reculés, les forces armées ont participé aux processions de la semaine de Pâques. L’armée n’est qu’une partie de la société, et aux 17e, 18e et 19e siècles, elle constituait un groupe social important. Aujourd’hui, les chants des légionnaires pour “El Cristo de Mena” à Malaga, est certainement la procession la plus emblématique d’Espagne.
Historiquement, la Légion est inspirée de son homologue en France
Depuis les siècles passés, les Forces armées ont participé aux processions de la Semaine
Sainte car l’armée faisait partie de la société, elle était un groupe social beaucoup plus important qu’elle ne l’est aujourd’hui. Il y a beaucoup de documentation écrite qui reflète cette participation et en particulier lors de la procession que la Cofradía de Nuestra Señora de la Soledad, au Convento de Santo Domingo (la Confrérie de Notre-Dame de la Solitude), célèbre chaque année pour le Vendredi Saint. Cette ancienne confrérie, fondée dans la deuxième partie du XVI siècle, fusionnée en 1915 avec la Hermandad del Cristo de la Buena Muerte (la Confrérie du Christ de la Bonne Mort), dont l’imposant Christ fut exécuté par le célèbre sculpteur Pedro de Mena y Medrano.
La dévotion à cette image sacrée était très importante, notamment pour les classes populaires qui vivaient dans le quartier de Perchel à Malaga. Au début des années 1920, Malaga était un passage obligé entre la péninsule et le protectorat espagnol au Maroc, impliqué à cette époque dans une guerre sanglante dans la région du Rif.
En 1920, la Légion a été fondée par Millán Astray, en s’inspirant de la Légion française. En tant qu’unité de choc, elle subit de nombreuses pertes, les bléssés graves étant évacués vers l’hôpital militaire de Malaga, une ville où ils entrent en contact avec la Congrégation, puisque certains membres éminents de cette dernière étaient des militaires.
C’est ainsi qu’ils ont découvert leur sacro saint patron, le Santísimo Cristo de la Buena Muerte y Ánimas(le Saint Christ de la Bonne Mort et des Âmes).
Les débuts de la participation de la Légion à la Semaine sainte
Dans un premier temps, en privé, des légionnaires commencent à participer à la procession de la Semaine Sainte. Peu à peu, ces liens se renforcent et ainsi, durant la Semaine Sainte de 1925, une importante commission militaire participe à la Procession de la Congregación de Mena (la Congrégation de Mena), parmi lesquelles se trouvaient les chefs de la Légion. Dès lors, les liens se renforcèrent et déjà en 1929 la Légion est représentée par son colonel, accompagnée de 32 chefs et officiers pour escorter le Christ, mais une tempête à Melilla empêcha le transfert des légionnaires.
En 1930, pour la première fois, une Compagnie d’Honneur y participe, et la « garde d’honneur » est faite au Christ durant la Semaine Sainte. Dans les jours qui suivirent, le Colonel en Chef de la Légion annonce solennellement la proclamation du Cristo de la Buena Muerte (Christ de la Bonne Mort) en tant que patron de la Légion.
En 1931, en raison des événements de mai 1931, après la proclamation de la Deuxième République, la présence de la Légion se voit interrompue jusqu’à la fin de la guerre civile. Depuis 1943, la Légion revient chaque année pour participer à la procession et assurer la garde d’honneur au Christ durant les journées précédentes.
Les actes de la Légion, signes d’identité de la Semaine Sainte à Malaga
A Malaga, parler du Cristo de la Buena Muerte de la Congregación de Mena fait automatiquement penser à la Légion. Depuis 1930, le Christ est le Saint Patron de la Légion, et depuis l’an 2000, il est nommé « protecteur » de la Légion. La procession du Cristo de la Buena Muerte est inconcevable sans l’accompagnement de ses légionnaires.
Bondée dès le petit matin du jeudi saint, les rues de la ville voient débarquer les légionnaires d’un navire de la Marine et le défilé commence.
A midi pile, sur la place à côté de l’église de Santo Domingo, le transfert du Santísimo commence, porté par les légionnaires. La “Compagnie des Honneurs” de la Légion, arrivée depuis peu des terres africaines vibre en voyant sortir son Saint Protecteur par la porte de l’église. Brisés par l’effort et l’émotion, les soldats chantent le « novio de la muerte” (le petit ami de la mort), une prière authentique pour les Caballeros Legionarios (Chevaliers de la Légion), et la foule présente sur la place se met également à chanter. Alors commence la procession du Santísimo Cristo, placé sur son trône, avec à l’arrière l’impressionnante formation militaire avançant à pas lents au son du « novio de la muerte« .
Une renommée internationale pour Malaga
Dès les premières heures de l’après-midi, les rues se remplissent de touristes venus du monde entier car la renommée de cette procession a traversé les frontières de l’Espagne.
A 19h30, les Nazaréens commencent à sortir, tandis que les légionnaires sont alignés sur la place dans l’attente du trône du Saint-Christ. Derrière le Christ, l’impressionnante formation militaire avance, lentement, au son du “novio de la muerte”.
Après la section des Nazaréens, arrivent le Général de la Légion accompagné des colonels, chefs, officiers et sous-officiers, et les différentes unités de la Légion. Ensuite, les ceriferarios avec leurs bougies et les thuriferarios qui inondent les rues de l’odeur enivrante du nuage d’encens qui se forme avec le mouvement de leurs encensoirs.
Derrière eux, l’impressionnant trône en forme de pyramide d’où émerge l’image prodigieuse du Christ de la Bonne Mort qui est bercée sur les épaules de 240 fidèles et le chant des légionnaires qui avancent lentement derrière le trône en chantant le « novio de la muerte” (marié de la mort) au rythme marqué par le bruit de leurs bottes.
Enfin, la section des Nazaréens de la Virgen de la Soledad, une image précieuse de l’art du XVIII lié à la marine espagnole puisqu’en 1756 une frégate était sur le point de faire naufrage au large de la ville mais l’intervention miraculeuse de la Vierge leur permet de rentrer sain et sauf au port, raison pour laquelle la Vierge est aussi portée sur les épaules.
La procession allie le sérieux et le silence des nazaréens, le caractère martial des légionnaires et l’élégance des marins, formant un ensemble parfaitement coordonné qui ne laisse personne indifférent.
Après minuit, la procession s’achève et Jésus attend sa Mère sur la place. Ce fut une journée intense en émotions.
Ce jeudi 6 avril, à 10h30, la Légion débarque au Dique de Levante
Après leur débarquement au Dique de Levante, les forces de La Legión arrivent sur la Plaza Fray Alonso de Santo Tomás. Puis à midi, ils déplacent le Santísimo Cristo de la Buena Muerte y Ánimas, orné durant cette journée d’une couronne d’épines, de la place vers son trône de procession dans l’église de Santo Domingo.
Avec le Christ de Mena sur les bras, une excellente œuvre de Palma Burgos, considérée comme l’une des meilleures crucifixions de l’Espagne du XXe siècle, les légionnaires entonnent « El novio de la muerte », un hymne militaire qui dit : « Je suis un homme que le destin a blessé avec la griffe d’une bête sauvage : je suis un époux de la mort qui va s’unir dans un lien fort avec un compagnon si loyal ». À ces moments, le public ému applaudit et certains fondent même en larmes.
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